Moloch est un récit sur la ville de Charleroi et plus singulièrement sur ses usines sidérurgiques. Le récit est traité avec une technique de gravure : l’aquatinte. Le travail de Michaël Matthys est l’un des plus novateurs qu’on puisse lire aujourd’hui. Voilà un livre qui nous parle de la vie en usine sans pathos et avec un tel brio qu’il devient un hommage appuyé aux hommes qui toute leur vie travaillent dans ces usines sidérurgiques. Il va de soi que sa valeur n’est pas que de témoigner, ce serait alors un ouvrage de pur journalisme, loin de nous cette idée.

Le titre oblige d’évidence à lire le livre dans un autre sens que la recension de la vie en usine. Moloch, il s’agit du nom d’une divinité terrible que les carthaginois abreuvaient de sacrifices en tout genre. L’on sait que l’homme n’a jamais manqué d’imagination à ce propos. Du coup, l’allure photographique du récit, le réel ainsi convoqué se transmue en une machine mythologique où l’homme devient le servant d’une puissance surhumaine. Le récit est tendu entre la monstration du quotidien et les effets que peut produire sur l’imagination ce quotidien.

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